En Afrique, de nombreux entrepreneurs partagent une vision de développement, d’innovation et de transformation de leurs communautés. Pourtant, malgré ces ambitions communes, les collaborations restent rares. Le manque de « fusion » entre entrepreneurs freine la croissance de projets à fort potentiel. Pourquoi cette situation persiste-t-elle ? Et comment y remédier ?
⚠️ Quels sont les causes du manque de collaboration
1-L’individualisme culturel renforcé par le système économique
Dans de nombreux pays africains, les parcours scolaires comme entrepreneuriaux valorisent surtout les réussites individuelles. L’image du « self-made man » domine largement les imaginaires collectifs. Très tôt, les jeunes sont poussés à « réussir seuls », à « se battre pour leur avenir », au lieu d’être formés à co-construire, partager ou mutualiser les efforts. Résultat : beaucoup perçoivent l’association ou le travail en équipe comme une prise de risque, voire un obstacle à leur autonomie. Dans l’environnement économique actuel, souvent instable, chacun cherche à sécuriser sa part du gâteau. Cela renforce l’isolement des porteurs de projets et décourage les démarches collectives. On assiste ainsi à une multiplication de micro-initiatives similaires, opérant en parallèle, sans coordination ni partage de ressources.
2- La mentalité de rareté
L’idée qu’il n’y a “pas assez pour tout le monde” est ancrée chez beaucoup d’entrepreneurs africains. Financements limités, marchés locaux restreints, accès compliqué aux opportunités internationales : ces contraintes réelles nourrissent une vision où chaque entrepreneur devient un compétiteur potentiel. Cela crée une ambiance de méfiance, où l’autre est vu comme un rival, et non comme un allié potentiel. Cette mentalité empêche la création de synergies bénéfiques pour tous.
3- Le manque de confiance
Un des freins majeurs à la collaboration est la peur de se faire voler son idée, son concept ou ses clients. Cette peur est souvent justifiée par le manque de protection juridique accessible ou adaptée. Beaucoup de pays manquent de lois claires ou de procédures simples pour sécuriser les partenariats, déposer une idée ou encadrer une collaboration. Sans garde-fous solides, les entrepreneurs préfèrent souvent avancer seuls, même si cela limite leur potentiel.
4- Les faibles écosystèmes d’innovation
Les réseaux d’entrepreneurs, incubateurs, hubs ou accélérateurs sont encore peu nombreux, ou mal répartis. Dans certains pays, ils se concentrent uniquement dans les grandes villes, laissant de vastes zones rurales ou secondaires sans accès aux ressources, formations ou opportunités de réseautage. En l’absence de ces espaces d’échange et de construction collective, les entrepreneurs restent isolés, sans réelle chance de rencontrer des profils complémentaires à leur projet.
5- Le manque de vision collective
Pris dans l’urgence de faire décoller leur activité, beaucoup d’entrepreneurs se focalisent uniquement sur la survie ou la rentabilité à court terme. Peu prennent le temps ou ont les moyens de réfléchir à long terme, de construire des stratégies avec d’autres acteurs, ou d’imaginer des modèles de développement partagés. Cette absence de vision collective limite la création de chaînes de valeur, de groupements stratégiques ou d’alliances puissantes.

⚠️ Parlons des conséquences de ce manque de collaboration
Une duplication des efforts : Lorsqu’il n’y a pas de synergie entre les entrepreneurs, chacun travaille dans son coin, souvent sur les mêmes problématiques : solutions de paiement, livraison, énergie, éducation ou agriculture. Résultat ? Des ressources gaspillées, des solutions redondantes, et une innovation ralentie. Plutôt que d’additionner les compétences pour créer une réponse plus robuste et scalable, on assiste à une dispersion des énergies qui empêche l’émergence de champions sectoriels solides. C’est un peu comme si chaque ville construisait son propre morceau d’autoroute sans se coordonner au final, personne n’arrive vraiment à destination.
Une faible résilience : L’entrepreneuriat est par nature un parcours semé d’embûches : imprévus financiers, difficultés techniques, changements réglementaires… Un projet isolé, sans réseau de soutien, a peu de chances de surmonter les coups durs. En l’absence de mentors, de partenaires ou de structures d’entraide, la moindre crise peut suffire à faire tomber une startup pourtant prometteuse. La résilience, cette capacité à encaisser les chocs, vient souvent du collectif et non de la solitude.
La perte d’opportunités : Quand les entrepreneurs ne se regroupent pas, ils ratent des opportunités qui nécessitent du poids collectif : appels à projets internationaux, co-investissements, négociations avec les gouvernements ou les grandes institutions. Une startup seule a peu de chances d’avoir l’oreille d’un ministre ou d’un grand bailleur. En revanche, un regroupement de startups qui partagent une vision peut non seulement influencer les politiques publiques, mais aussi accéder à des financements majeurs. Le manque de collaboration prive donc les acteurs locaux d’une voix forte et cohérente sur la scène économique.
Le développement fragmenté :En l’absence de coordination, les différentes initiatives peinent à s’intégrer dans un écosystème cohérent. On voit alors apparaître des “maillons” intéressants mais isolés : un producteur agricole sans chaîne de distribution, une solution tech sans accompagnement terrain, un service logistique sans réseau commercial. Ce manque d’interconnexion empêche la construction de véritables chaînes de valeur, capables de faire décoller des secteurs entiers de l’économie. Le potentiel existe, mais il reste morcelé et donc inefficace.
Il y a énormément d’exemples de cas d’échecs à donner, chacun connaît quelqu’un ou se souvient d’un entrepreneur qui après avoir arrêté ces activités est retourné au salaria ou dans certains cas aller tout simplement à l’étranger. Ça ne cesse de répéter encore et encore mais, nous viendrons sur les solutions pour éviter justement ces types de fin.
Partie 2 : Voir
Rédaction: Regio