Le Niger délaisse le français pour affirmer son identité

Tournant linguistique acté par la nouvelle Charte

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Le Niger, sous la direction du général Abdourahamane Tiani, vient d’opérer un changement majeur dans sa politique linguistique. La nouvelle « Charte de la refondation », qui tient lieu de Constitution depuis sa promulgation le 26 mars, stipule dans son article 12 que le haoussa devient désormais la langue nationale du pays. L’anglais et le français, quant à eux, sont désormais considérés comme langues de travail.

Reconnaissance de la diversité linguistique nationale

Outre le haoussa, neuf autres langues — dont le zarma-songhay, le fulfuldé (peul), le kanouri, le gourmantché et l’arabe — sont officiellement reconnues comme « langues parlées du Niger ». Cette reconnaissance institutionnelle reflète la richesse linguistique du pays.

Le haoussa, langue dominante sur le terrain

Langue la plus parlée du Niger, le haoussa est largement utilisé dans les régions de Zinder, Maradi et Tahoua, situées à proximité du Nigeria, où cette langue est également prédominante. En comparaison, seuls 13 % des Nigériens sont francophones, soit environ 3 millions de personnes sur une population totale de 26 millions.

Une transition de cinq ans sous contrôle militaire

La Charte résulte des assises nationales de février dernier et fixe à cinq ans la durée minimale de la transition militaire. Cette période pourra être ajustée en fonction de l’évolution sécuritaire, le pays étant confronté à des attaques djihadistes persistantes depuis plus d’une décennie.

Une rupture assumée avec la Francophonie

Ce recentrage linguistique s’inscrit dans une politique plus large de souveraineté prônée par les autorités militaires. En mars, le Niger a annoncé son retrait de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), suivant ainsi les pas du Mali et du Burkina Faso, également dirigés par des juntes.

L’Alliance des États du Sahel en marche

Ces trois pays — Niger, Mali et Burkina Faso — ont également quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qu’ils accusent d’être sous influence française. Ensemble, ils ont fondé l’Alliance des États du Sahel (AES), renforçant leur coopération régionale et coupant les ponts avec Paris, aussi bien sur les plans diplomatique que militaire. Des symboles de l’époque coloniale, tels que des noms de rues ou de monuments, ont déjà été supprimés dans leurs capitales respectives.

Rédaction: Regional / Source : JO Sénat du 24/04/2025 – page 2011

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